Pendant trois mois, la jeune femme était restée immobile dans l’unité de soins intensifs d’un hôpital de Seattle. Aucun visiteur, aucun proche à son chevet. Seul le personnel soignant se relayait autour de son lit, et surtout le Dr Daniel Harris, qui veillait sur elle avec une attention presque silencieuse.
Emily Foster avait vingt-sept ans lorsqu’elle avait été admise après un grave accident de voiture. Depuis, elle était plongée dans le coma, son dossier médical portant la mention redoutée d’« état végétatif persistant ». Chaque jour, Daniel changeait ses pansements, contrôlait ses constantes vitales et ajustait les traitements. Il parlait parfois à voix basse, sans savoir si elle pouvait l’entendre, convaincu malgré tout qu’une présence humaine comptait.
L’unité de soins intensifs de l’hôpital St. Mary vivait au rythme des respirateurs et des alarmes discrètes. Daniel s’y était habitué, mais Emily occupait une place à part dans son esprit. Elle n’avait plus de famille connue : ses parents étaient décédés depuis plusieurs années, et le seul numéro de contact figurant dans son dossier restait injoignable.
Un matin, pourtant, quelque chose attira son attention. L’abdomen d’Emily semblait légèrement plus arrondi. D’abord, Daniel pensa à une rétention d’eau, fréquente chez les patients alités depuis longtemps. Mais les jours passèrent, et le gonflement devint trop visible pour être ignoré. Son poids augmentait sans explication clinique claire.
Intrigué et inquiet, il demanda des examens complémentaires. Une échographie fut programmée.
Lorsque Julia, la technicienne, posa la sonde et fixa l’écran, son visage se figea. « Daniel… ce n’est pas ce que nous pensions », murmura-t-elle.
L’image était sans équivoque : un fœtus d’environ seize semaines, avec un rythme cardiaque net et régulier.
Le silence envahit la salle. Daniel sentit son estomac se nouer. Emily était dans le coma depuis plus de trois mois. La conclusion s’imposait, brutale et insoutenable : quelqu’un avait abusé d’elle alors qu’elle était totalement vulnérable.
Il réunit immédiatement l’équipe médicale et la direction. L’infirmière en chef pâlit. L’administrateur demanda la plus grande discrétion pendant l’enquête. Des prélèvements ADN furent ordonnés pour tous les hommes ayant eu accès à l’unité durant cette période.
Dans les couloirs, la rumeur se propagea à voix basse. La peur, la colère et l’incrédulité flottaient dans l’air, lourdes et oppressantes.


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