Au début, elle n’avait rien soupçonné. Après qu’Henri fut mort, emporté par ce que l’on avait appelé une « complication tardive » d’une maladie mal définie, le monde d’Élise s’était rétréci. Elle avait soixante-dix-huit ans, un corps fatigué mais un esprit encore vif, et pourtant on commençait à lui parler comme à une enfant.
C’était sa belle-fille, Claire, qui s’en chargeait le plus souvent. Toujours avec une douceur étudiée, une voix basse, presque inquiète.
— Tu sais, Élise, le médecin disait bien que le stress avait aggravé l’état d’Henri. Il ne faut surtout pas que tu te fatigues, toi aussi tu es fragile maintenant.
Fragile.
Le mot revenait sans cesse.
Quand Élise voulait aller au marché seule, Claire insistait pour l’accompagner. Quand elle parlait de reprendre ses cours de peinture à la maison de quartier, Claire fronçait les sourcils.
— Tu n’as pas entendu ce que le docteur a dit ? Les émotions fortes, les efforts… ce n’est pas bon pour toi.
Peu à peu, Élise sortit moins. Les appels à ses amies se raréfièrent, souvent interrompus par Claire qui lui rappelait qu’elle devait se reposer. Même son fils, Paul, semblait inquiet.
— Claire dit que tu te fatigues trop, maman. Peut-être que tu devrais rester tranquille quelque temps.
Au début, Élise crut que c’était de l’amour. Puis vinrent les incohérences.
Un soir, en rangeant des papiers, elle retrouva les anciens comptes rendus médicaux d’Henri. Elle les lut lentement, plusieurs fois. Nulle part il n’était question de stress, ni d’une maladie contagieuse, ni d’un danger pour elle. La cause du décès était claire, brutale, sans lien avec ce que Claire répétait depuis des mois.
Le doute s’insinua.


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